Vous m’avez manqué
Je n’ai aucune idée du moment où « ça » m’a rattrapé. Je me souviens d’une grande lassitude, de larmes qui coulent, comme par inadvertance. Puis de nuits trempées de sueur, de douleurs au dos, au ventre ; du cœur qui s’emballe.
Un matin, j’ai été incapable de me lever. La dépression m’a cloué au lit. Je ne voulais voir personne ; j’avais peur de tout ; je ne me supportais plus, hanté par mon passé, par l’histoire de mes parents.
L’hyperconnexion a joué un rôle dans ma dépression. Branché en permanence sur le Web, j’ai absorbé comme une éponge l’antisémitisme et la violence de l’époque. J’ai payé le prix fort.
Un jour, pourtant, « ça » a été mieux. J’écris ce livre pour cette phrase. Pour que la lectrice inconnue, le lecteur perdu au fond de sa nuit, sache que « ça » arrive.
On va mieux. Pas « moins mal », mieux. Le moteur redémarre. Il toussote à l’occasion, mais il ronronne à nouveau. Il faut le bon psy, des médicaments, de l’amour, de l’amitié aussi.
Mais « ça » repart.
Aujourd’hui, j’ai retrouvé le goût des autres, celui des projets, l’envie. Et surtout une juste distance. Je suis le même en différent ; j’espère que je suis un peu meilleur.