Le Tigre et le Moucheron dépeint la condition des misérables de la première puissance commerciale mondiale.
« Aujourd’hui, en Chine, il n’y a que l’argent qui compte ! » tonne Ma Lin, religieuse catholique chinoise. Le tigre a un appétit insatiable mais, dans son ombre, les sacrifiés de l’expansion se comptent également par millions. Ces indociles tourmentent les affidés du Parti-État, égarés entre capitalisme sauvage et vide moral post-Mao.
Or, comme dans la fable de La Fontaine, Le Lion et le Moucheron, ce puissant-là doit aussi endurer « l’avorton » qui le harcèle, pique son museau et pénètre dans son naseau.
Pendant six ans, Jordan Pouille s’est lancé sur les traces de ce peuple anonyme, véritable moucheron du pouvoir. Il a sillonné la Chine vers les contrées de l’Ouest les plus reculées. Partout, les plus humbles ont bravé la surveillance policière pour se confier à ce journaliste, étranger de surcroît. Un premier acte de résistance.
Des ouvriers des usines de produits Apple, un pêcheur de cadavres sur le fleuve Jaune, une chef de « village du cancer » ravagé par la pollution industrielle, une religieuse chassant un prêtre corrompu, une enfant surnuméraire et privée d’existence légale, etc. L’avant-garde d’une longue colonne invisible.